Texte de base, p. 126
Le mot « souplesse » ne faisait pas partie de notre vocabulaire du temps de notre consommation. Nous étions devenus obsédés par le plaisir cru de notre drogue et nous étions endurcis à tous les plaisirs plus doux, plus subtils et infiniment plus variés du monde qui nous entoure. Notre maladie avait transformé la vie elle-même en une menace constante d’emprisonnement, d’internement et de mort, menace face à laquelle nous nous endurcissions de plus en plus. Au bout du compte, nous sommes devenus fragiles. Il aura fallu le moindre souffle du vent de la vie pour que nous nous effondrions enfin, brisés, vaincus, sans autre choix que celui de capituler. Mais, la suprême ironie du rétablissement est que, en capitulant, nous avons trouvé la souplesse perdue au cours de notre dépendance active, souplesse dont l’absence nous avait justement menés à la défaite. Nous avons retrouvé la capacité de ployer sous la brise de la vie, sans être rompus. Lorsque le vent soufflait sur nous, nous sentions sa douce caresse sur notre peau, alors qu’autrefois, nous nous serions raidis comme sous la première bourrasque d’une tempête. Les vents de la vie soufflent sur nous un air nouveau à chaque instant, accompagné de parfums et de plaisirs, inédits et variés, aux différences subtiles. En ployant avec le vent de la vie, nous ressentons, nous entendons, nous touchons et nous goûtons tout ce qu’elle a à nous offrir. Et tandis que ce vent souffle, nous sommes régénérés.
Juste pour aujourd’hui, Puissance supérieure, aide-moi à ployer au gré du vent de la vie et à glorifier son passage. Libère-moi de ma rigidité.