Texte de base, p. 69
Imaginez ce qui arriverait si un nouveau se présentait à l’une de nos réunions et y était accueilli par un groupe de gens à la figure longue et aux mains crispées sur les bras de leur fauteuil. Ce nouveau décamperait probablement, en marmonnant peut-être : « Moi qui croyais que je serais heureux si j’arrivais à me débarrasser des drogues ! » Heureusement, nos nouveaux sont ordinairement accueillis par un groupe de personnes souriantes et amicales qui, de toute évidence, sont assez satisfaites de la vie qu’elles ont trouvée dans Narcotiques Anonymes. Quel immense espoir ne suscite-t-on pas ainsi ! Le nouveau, dont la vie jusque là se révélait mortellement sérieuse, est fortement attiré par l’atmosphère de joie et de détente. Venant d’un milieu où tout est pris au sérieux, où le désastre l’attend toujours au tournant, le nouveau est soulagé d’entrer dans une salle où les gens ne se prennent généralement pas trop au sérieux et sont toujours prêts pour quelque chose de merveilleux. Nous apprenons à nous détendre, en rétablissement. Nous rions de l’absurdité de notre dépendance. Nos réunions – ces salles vivantes où se mêlent le fracas des chaises, le bouillonnement de la cafetière et les éclats de rire des dépendants – sont des lieux de rassemblement où nous accueillons les nouveaux pour la première fois et où nous leur montrons que nous nous amusons vraiment beaucoup maintenant.
Juste pour aujourd’hui, je peux rire de moi-même. Je peux accepter les plaisanteries. Aujourd’hui, je vais me détendre et m’amuser.